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Tribulations
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27 novembre 2011

Touchée coulée

Je viens de lire le dernier livre de Delphine de Vigan. J’ai trouvé ça tellement juste et réaliste. Ce livre me parle, peut être parce que sous certains côtés je m’y retrouve et qu’elle a su dire avec ses mots ce que j’ai pu ressentir ou ressens encore. Je ne dis pas que je m’identifie complètement à la mère de l’auteur, je dis seulement que certains passages correspondent à une certaine réalité qui me concerne. Je me pose des questions. Dois-je m’inquiéter d’une rechute moi aussi qui aie été diagnostiquée à un moment de ma vie comme psycho maniaco-dépressive, soit le terme technique pour bipolaire. Rechute qui serait tellement spectaculaire après plus de quinze ans de vie sous contrôle. Je comprends ce sentiment de survie que l’on peut avoir lorsque l’on est totalement submergé par nos émotions, que l’on ne contrôle plus rien et que le seul but de la journée est d’arriver au moment du coucher sans drame, sans crise de désespoir, mais sans émotions positives non plus, le calme plat. Se poser la question aussi de l’héritage que l’on transmet à nos enfants et celui que l’on reçoit de nos aînés. Vouloir faire en sorte que mes enfants ne vivent pas avec ce poids mais en même temps je sais que même si j’en suis sortie actuellement, mes angoisses et mes doutes toujours présents ont aussi façonné mes enfants, ce qui explique, en partie seulement, le mal-être de ma fille. Le poids de la transmission de ce fardeau est le plus difficile à accepter, se dire que les enfants absorbent toutes ces angoisses, est certains jours totalement flippant, me plonge dans un désarroi passager mais totalement dévastateur et me laisse abasourdie car je n’ai pas de solution. Si ce n’est d’essayer d’évacuer mes angoisses. De parler, de continuer mon travail de thérapie, et contrairement à ma jeunesse ne plus être désespérée devant le travail restant à accomplir et accepter le fait que peut-être qu’un jour ma vie déraillera de nouveau (ce que je ne souhaite pas, mais je reste lucide et même si je mets en place tout ce qu’il faut pour baliser mon chemin de vie, un accident peut arriver) et surtout accepter la lenteur qui se compte en années et non en mois, si ce n’est en dizaine d’années que prend une thérapie pour être menée à bien.

Je reste persuadée que nombre de faits dans une vie sont le signe du hasard tandis que d’autres ne sont qu’une répétition de nos ancêtres et que finalement rien n’est neuf et que les drames se répètent. J’ose espérer de temps à autre que certains drames peuvent être évités tandis que d’autres malgré l’acharnement que l’on met à les éloigner se reproduisent. Pourquoi, je n’en sais rien et comment faire cesser ces répétitions, je n’ai pas la solution. Mais il est vrai que je m’intéresse de plus en plus à la psychogénéalogie qui je pense dans certains cas peut être salutaire.

Je vais mettre à la suite plusieurs extraits que j’ai trouvés particulièrement réalistes et qui expriment avec des mots qui ne sont pas les miens, ma réalité.

«  …Ce fut un combat, ce fut une longue et progressive remontée vers la lumière, ce fut un incroyable tour de force, une spectaculaire leçon de vie, ce fut une renaissance… »

« …Cette fois, le traitement de Lucile n’avait pas dressé autour d’elle l’incontournable forteresse sur ordonnance dans laquelle elle avait été si longtemps murée. Peut-être était-ce une question de lithium et de molécules. Mais au-delà de la chimie, j’aime à croire que quelque chose en elle avait ressurgi, était entré en résistance… ».

«  …Lucile avait des lubies, des phobies, des coups de gueule, des coups de cafard, aimait prononcer des bizarreries – auxquelles elle-même croyait plus ou moins-, passer du coq à l’âne et de l’âne au coq, se mettait martel en tête, lançait des piques, frôlait les limites, jouait avec le feu. Lucile aimait naviguer à contre-courant, mettre les pieds dans le plat, se savait sous surveillance, défiait parfois notre regard, s’amusait à nous alarmer et revendiquait sa singularité. Lucile n’aimait pas la foule, le nombre, le monde, les grandes tablées, fuyait les mondanités, se laissait apprivoiser en tête à tête, en petit comité, ou bien au cours d’une promenade, dans le mouvement de la marche. Lucile restait secrète sur ses sentiments, ne livrait jamais le plus intime, réservait à quelques-uns le fond de sa pensée. Elle était ce mélange étrange de timidité maladive et d’affirmation de soi.

Il nous fallut apprendre à lui faire confiance, ne plus avoir peur de la rechute. Il nous fallut apprendre à sourire de ses bravades, de ses toquades, de ses fantaisies, à entendre sa méfiance, à respecter ses élucubrations, sans la soupçonner aussitôt d’être sur la mauvaise pente ou d’avoir de nouveau basculé. Lucile apprenait à flirter avec ses propres limites, à mieux les connaître, à percevoir elle-même quand elle se laissait gagner par la tristesse ou envahir au contraire par une trop grand effervescence, et retourner voir le docteur chaque fois qu’elle se sentait en danger… »

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Commentaires
A
je suis preneuse Anne de livres abordant la psycho-généalogie. Par contre je ne peux pas t'assurer qu'ils seront lus rapidement, il me faut en règle générale du temps pour lire et m'imprégner de ce genre d'informations.
P
Je sais bien que ce ne serait pas facile de te libérer pour ça, mais j'ai appris que l'auteur venait à Loudun le 8 décembre.
A
D'ailleurs, si tu as envie que je te ramène des ouvrages de psycho-généalogie, dis le moi car j'en ai plein à la BU...<br /> Mais le livre m'a aussi beaucoup touché et personnellement m'a même beaucoup dérangé. Mais il est très bien..
A
Et bien, il va falloir le lire, j'y repense encore souvent alors que je l'ai terminé il y a plusieurs jours. Je vais même aller me l'acheter
P
Anne nous a prêté le livre, mais nous ne l'avons pas encore lu.
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